Nous sommes heureux de vous présenter le village de Mansonkolon, à l’Ouest du Mali, près du fleuve Baffing,
( qui devient le fleuve Sénégal lorsqu’il est rejoint par le fleuve Bakoye … à partir de Bafoulabé..)
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Le plus grand nombre d’images sur ce village, se trouve dans la sous-rubrique « Images » du même village.
- Et si nous allions à Mansonkolon ….
- l’Histoire du village de Mansonkolon remonte à celui de Diakhaba, à 10 km, où est enterré le saint musulman Salim SOUARE, auteur de miracles, et sur la tombe de qui des milliers de personnes viennent en pèlerinages. Cela se déroule chaque année entre la date de l’anniversaire de la naissance du prophète Mahomet, et celle de son baptême, 1 semaine plus tard.
- Diakhaba est très ancien .. et des personnes, du nom de Souaré, ont quitté Diakhaba pour des raisons inconnues, et créer le village de Mansonkolon, mais on ne sait pas quand exactement. Peut-être 100 ou 150 ans …
- J’ai entendu parler de Mansonkolon dès 1991, le jour où l’on m’a montré la maison que j’allais occuper pour ma mission de directeur de l’informatique de Energie Du Mali ( EDM). On m’a aussi présenté le “boy” de la maison [ c’est ainsi que l’on nomme au Mali une personne qui vous aide dans toutes les taches d’intendance de votre maison, intérieur, extérieur et gardiennage] : il se nomme Fantamady SOUARE. J’ai spontanément répondu que je voulais le garder. Et cela fait donc plus de 30 années que nous sommes de vrais et bons amis. car de “boy” il ne fut jamais question, au sens occidental. C’était mon “ange gardien”, aussi adorable qu’exceptionnel de propreté, de courage, d’honnêteté, … que j’essayais d’alphabétiser, .. A l’époque, il était célibataire .. Comme je vivais seul, Fantamadi fut rapidement aidé par un excellent et adorable cuisinier, Paul, d’origine Dogon. Avec ces deux complices, j’étais aux anges .. je fus très bien nourri, gardé, entretenu, tout était absolument formidable, n’en déplaise aux autres expatriés du quartier qui m’enquiquinaient plutôt qu’autre chose ..
Fantamadi est né à Mansonkolon, vers 1973, en pays Sarakolé, dans l’Ouest du Mali, donc sans date de naissance précise. Comme tous les « né vers », on lui attribue le 1er janvier de l’année supposée ..
- Ma mission achevée en 1994, je rentre en France achever ma carrière à EDF et prends ma retraite en 2003. Je viens alors faire un tour au Mali pour savoir qui peut m’aider dans mon nouveau projet : créer une vraie ONG et aider des villages au mieux que nous pourrons avec nos faibles moyens. Tout le monde lève le doigt, dont Fantamadi qui m’aidera à sa façon.
- Après quelques temps chez mon ami Salihou TOURE (que je remercie de tout mon coeur ainsi que son épouse Sira, pour leur hospitalité superbe ), pas encore président de Tapama-Mali, je trouve un logement, et, le soir même, je déménage Fantamadi qui vient pour s’occuper de ma maison : ménage, gardiennage, etc .. avec son épouse et ses 2 enfants, Sakalé, et Malamine ( dit M’fa ) que je fais scolariser sans condition. Je paye une moto à Fantamadi .. c’est mon cadeau de retrouvailles ..
Un jour, j’entends la question fatale : -« jacquy .. tu viens quand dans mon village, Mansonkolon ». Nous irons à Mansonkolon en 2009, avec un accueil exceptionnel …
- ce premier jour de venue à Mansonkolon fut une surprise colossale à divers titres :
- D’abord, je découvris que Fantamadi avait raconté tout notre vécu commun de Bamako à son village, depuis 1991 à ce jour de 2009 où je débarquais … 18 années de complicité, et ils savaient tout … et il me fallut interrompre l’énumération : sans compter que j’avais l’impression que c’était eux que j’avais aidés à chaque fois que j’avais fait quelque chose pour Fantamadi et sa famille .. dont payer l’école pour ses 2 enfants ; je crois qu’ils furent surpris que j’ai rendu l’école obligatoire pour les enfants de Fantamadi …demandé à Fantamadi de rester avec une seule épouse, .. et autres actions banales pour moi ..
- De ce fait, ils décidèrent de m’accueillir comme un membre de la famille de Fantamadi : en un instant, étant le plus vieux de cette famille, je devenais le « grand frère» … avec une grande famille dont je devenais le chef, car le plus âgé .. sauf une femme, Sakalé, mon aînée de quelques années ….
- j’incorporais d’office – sans mon avis — le conseil de village [ ou conseil des anciens, ou conseil des sages, si vous préférez] au vu de mon âge, au rang de 7ème sur 12 personnes environ …. le chef de village, donc n° 1, étant le plus âgé … c’est automatique … de là, je pouvais donc « commander » les villageois, puisque le conseil de village m’en avait donné « l’autorité » .. [ je ne manquerai pas de le faire … dès le lendemain ] ..
- et pour achever le portrait, on me donna officiellement le nom de « Salim SOUARE » … [ que je porte toujours en 2024, abrégé en « Salimou », surnom également partagé avec ma fille Alexandra qui adore « son village malien d’adoption » .. ] … nom d’un saint musulman enterré à 10 km, voici 2 ou 300 ans environ, auteur de miracles, et qui fait l’objet de pèlerinages gigantesques au moment de la célébration annuelle de la naissance du prophète Mahomet .. pour qui l’on vient de très loin, en milliers de kilomètres pour certains … [ je ne savais absolument rien de qui était Salim SOUARE, moins encore qu’il était la « Bernadette SOUBIROU » du quartier ..]… j’apprendrai tout ça 1 mois plus tard en questionnant Fantamadi ..
- Waaouaou !!.. tout ça d’un coup, en pleine poire .. !!..ça fait bizarre …
- Je fus informé des personnes importantes dans le village : le chef de village (dugutigi) et ses adjoints, l’imam, la cheffe des femmes (musokontigi) et son adjointe, le chef des jeunes, des chasseurs, etc … chacun venant à un moment ou un autre, qui avec une bassine de mil, qui avec 1 ou 2 poulets, d’autres avec un lièvre .. de quoi manger pour une semaine au moins ..
- Et lorsque je demandais par quoi commencer, car j’étais venu pour travailler, pas pour le bavardage … alors j’appris que je devais commencer par travailler pour les femmes .. bravo, ça, ça me plait … alors allons-y .. au travail …
- On m’emmène au bord du fleuve … à 800 m .. et je vois qu’il y a une sorte de microfalaise au bord du fleuve, que les femmes doivent escalader plusieurs fois par jour, pour aller laver leur linge, leur vaisselle, leurs bébés, faire leur toilette perso, et se ravitailler en eau de consommation … [ il n’y a pas de puits au village, tous ne donnent que de l’eau salée ].. il y a donc des entorses, voire des jambes cassées … on me parle de 13 morts par noyade ..
Le programme est établi : « y’a plus qu’à se mettre au travail … »… ouste .. !!..
- Nota : les images illustrant ce qui suit, se trouvent dans la rubrique « Mansonkolon« , sous-rubrique « Images de Mansonkolon«
- Le premier projet : le conseil de village avait déjà statué, car il savait que je venais pour travailler, pas pour palabrer pendant des jours … et sa décision était intéressante : « il faut d’abord aider les femmes » .. voilà une bonne décision … commençons par envisager quelques pousse-pousse que nous fabriquerons à Bamako, avec notre forgeron ; et nous leur enverrons par le camion de livraison Bamako-Bakorofata, village situé à 3 km.
- Le second projet : nous le commençons dès le lendemain. J’invite une dizaine d’hommes vaillants, sans compter les curieux, au bord du fleuve, pour tailler dans cette maudite micro-falaise, un escalier très sommaire, mais qui évitera les chutes .. En quelques coups de pioche et pelle, l’affaire est entendue : une jeune femme s’est glissée sur notre petit chantier, avec une énorme bassine, qu’elle remplit d’eau du fleuve sans rien demander à personne, et gravit les 20 marches assez hautes pourtant .. je jette un regard interloqué sur mes voisins .. la réponse est tellement simple : « elle veut te montrer que vous avez très bien travaillé, puisqu’elle monte ton escalier en 5 secondes avec 25 ou 30 litres d’eau sur la tête .. c’est sa façon de nous féliciter et nous remercier » … ..décidément, j’ai encore plein de choses à apprendre .
- Mais cela ne me convient évidemment pas : une seule personne peut passer, aucun croisement de femmes possible, les marches sont très hautes, les pierres vont vite partir .. etc … un tel escalier ne peut durer .. c’est du provisoire … qui ne durera pas : promis ..
- L’année suivante ( nos séjours ne durent pas assez pour le moment ; ce sont de simples visites .. nous allons allonger ça .. dès l’année suivante ) …on remet ça de plus belle :
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- Je reprends mon équipe de terrassement, avec 5 pelles et 3 pioches à la manœuvre … je dessine le plan de mon escalier sur la terre, pour indiquer ce que je souhaite …
- Je fais un constat très intéressant : les hommes, au bout d’un certain temps, sont un peu fatigués, et le soleil ajoute sa part de fatigue .. mais je vois qu’aucune pioche, aucune pelle ne cesse jamais de travailler, seuls son manœuvre change chaque 5 à 10 minutes, … le travail ne s’arrête donc jamais … intéressant : c’est assez rare ..
- L’escalier avance comme je le souhaite, avec quelques corrections indispensables au fil de l’eau .. mais chacun comprend ce qu’il faut faire .. je suis accompagné de notre chef de chantier, Abdoulaye TRAORE, venu de Bamako avec nous. Dès lors, tout est simple : il est lettré, intelligent, et travailleur … je lui parle, et tout suit dans la foulée ..
- Et voilà le résultat : ( voir photo ) … magnifique, n’est-ce pas .. les femmes sont heureuses et le font savoir par des danses, des cadeaux ..les pintades ne manquent pas .. que je partage avec elles évidemment .. et toute l’équipe de manœuvres …
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- STOP : nous avons tous oublié Monsieur BAFFING … le fleuve .. qui rit dans sa barbe … à peine ai-je le dos tourné, qu’il commence à tout démolir : les variations du niveau d’eau, notamment pendant la saison des pluies, mais surtout avec les lâchers d’eau du barrage de Manantali à 35 km en amont, font des vagues très puissantes qui dévastent les rives .. et notre bel escalier devient un tas de terre … tout à refaire …
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- J’apprends la nouvelle par téléphone … je suis à Bamako .. désolé .. c’est ma faute, j’aurais dû prévoir ça ..
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- Qu’à cela ne tienne. Rentré en France, je m’en vais rendre une visite à M. Loïc HUET, patron d’une entreprise de construction. Il me donne toutes les informations techniques pour envisager un escalier en béton armé, avec des points d’attache, etc
- Et l’année suivante à Mansonkolon, on reprend tout, avec la même équipe, pilotée par Abdoulaye … notre chef de chantier … chantier qui va durer une semaine … mais ce n’est plus la même chose … n’est-ce pas Monsieur TALL .. qui vient inspecter notre travail … ….
- Mais j’avais dans un coin de ma tête, le projet de préparer tout ce coin pour les femmes : un escalier pour commencer, mais aussi un lavoir pour tous leurs travaux au bord du fleuve : vaisselle, linge, toilette intime et aussi des bébé, et bien sûr l’approvisionnement en eau domestique pour la cuisine ..
- L’escalier est bien en place, et ne bougera plus … commençons alors le lavoir niveau 1 .. car le fleuve variant son niveau d’eau, il faut un lavoir à niveaux, selon les changements au cours de l’année … en janvier, le niveau très bas est parfait .. mais en cas de lâchers d’eau du barrage, le niveau peut monter de 50 cm … il faut donc un niveau 2, 60 cm plus haut que le niveau 1
- Mais avec la saison des pluies, il faut envisager un niveau 3, à environ 1,2 m au-dessus du niveau 1 … soit, je fais terrasser pour l’ensemble du projet …
- Le lavoir niveau 1 est vite achevé. Il fait 20 m² environ …le lavoir niveau 2 est plus complexe ; il fera 50 m². Il lui faut donc des murets sur les 4 côtés et surtout 2 points d’encrage dans le sol, au milieu …
- Tout se passe bien … chacun à son poste .. le résultat est excellent. On monte même un muret de 25 cm autour des lavoirs, afin que la pluie de la grande pente qui descend vers le fleuve, et parfois en quantité importante, envoie sur les côtés du lavoir tout ce qu’elle charrie de boue et cochonneries diverses, qui viendrait poluer l’eau où les femmes lavent tant de choses …. il leur faut de l’eau propre à tout instant : le muret fera très bien son travail…
- je suis venu au Mali en 2018, mais avec la contrainte de ne pas bouger de Bamako .. « ne pas conduire .. pas de grandes distances, même comme passager » …. dixit Dr Laurent PLARD qui venait de m’ouvrir le ventre ..oui, Laurent, je suivrai vos conseils …
- le niveau 3 du lavoir n’est donc toujours pas achevé .. la maladie, puis le COVID, puis les soucis diplomatiques entre Mali et France ne m’ont pas permis de revenir au village achever le travail du lavoir ..
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- Tant pis, on attendra … les femmes se débrouillent … ( voir photos du chantier dans « images de Mansonkolon » )
- Tant pis, on attendra … les femmes se débrouillent … ( voir photos du chantier dans « images de Mansonkolon » )
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Et la suite, me direz-vous .?. la suite est fort simple :
- Il faut d’abord considérer le situation sécuritaire du Mali : on voudrait tous se rendre au pays Dogon pour n’importe quel travail .. mais c’est impossible, et pour encore plusieurs années : terrorisme … tout est dit ..
- Il nous faut donc considérer les villages sécurisés : Mansonkolon est de ceux là … dès que les relations France-Mali seront rétablies, nous pourrons donc nous rendre à Mansonkolon .. et poursuivre les chantiers possibles …
- Le conseil de village a changé : des décès sont survenus, dont 2 chefs de village successivement. Et d’autres membres du conseil sont également partis, le glissement s’est donc opéré : mon petit frère Massaré est devenu n° 3 .. Hors, entre lui et le chef de village, il n’y a que moi .. et l’on me fait donc savoir que je suis désormais (en 2023) l’adjoint du chef de village … je ne sais toujours pas ce qu’il faut penser de cette chose … à suivre … on verra bien ..
- Je sais par contre que le village a décidé, dès mon dernier passage en 2016, qu’après le lavoir à niveaux des femmes, le prochain projet sera de construire un pont, afin de supprimer l’isolement dans lequel se trouve le village pendant la saison des pluies .. projet tout à fait justifié, à Mansonkolon comme dans tous les villages où les marigots encerclent les villages …mais on peut faire mieux :
- et si l’on obstruait l’embouchure du marigot, par un petit barrage bien calculé, avec des hausses pour réguler le niveau de l’eau qui s’étalerait alors en surface, peut-être sur 1 ou 2 hectares, avant de se jeter dans le fleuve Baffing .. Il resterait à cultiver ces deux hectares, en riz par exemple, et rendre le village autonome en riz, denrée si précieuse et si chère parfois, surtout quand la sécheresse sévit ..
- mais on peut aussi étudier et réaliser un bilan sanitaire du village … vaccins, .. tout est à faire … ce projet porte déjà le nom de « Sokona« , jeune fille née à Mansonkolon en 2007, jamais vaccinée, qui fut victime de la méningite la plus grave, au point de la rendre sourde et muette …[ la suite de l’histoire de Sokona dans une sous-rubrique « Sokona » de la rubrique Mansonkolon sur ce site … » Waou .. elle est trop bien » disent les jeunes qui l’entendent … ].
- on peut aussi mettre en place un véritable service d’état civil …
- ou construire une école .. ou un dispensaire …
- etc …
- y’a plus qu’à .. faut qu’on .. comme vous le voyez : le travail ne manque pas .. pour plusieurs années … en attendant que le pays soit mieux sécurisé …
- si vous trouvez les fonds, nous ferons le reste .. ainsi, ils seront heureux de rester chez eux, en famille, sans ressentir le besoin de venir en Europe …
- aidez-nous à les aider … chez eux …ils ne demandent pas mieux .. merci pour eux …
- page en cours de préparation ….
Et ci-après, les articles publiés ayant un rapport avec Massonkolon …
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Le conseil d’administration de AMOPA [ Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques ] a voté une subvention de 200 € pour Tapama, à condition de son usage au Mali dans le cadre scolaire ..
Au Mali, on dit que c’est ma fille, comme on le dit de toutes les personnes du genre féminin dont nous sommes très proches quand on est un homme, voire liés par quelque chose de particulier, sans être aucunement parent.
En ce temps là, j’habitais à Bamako, avec mon épouse Fatou, ma fille Alexandra, et la famille de mon ange-gardien Fantamadi, natif de Mansonkolon. En 2013, j’y rencontre Sokona, une enfant de 7 ans, venue de mon village Mansonkolon, mais sourde et muette (parce que jamais vaccinée contre la méningite) … donc illettrée … […]
Depuis des années que je vous parle du Mali, de Tapama et de ses activités ici et là, je viens enfin vous parler de mon village, celui qui m’a adopté depuis 1991, sans que je n’en sache rien.
Tapama est en deuil : l’adjointe de l’association des femmes de notre village fétiche, Massonkolon, a succombé aux suites d’une longue maladie (sans médicament pour soulager) ..
Après la construction de l’escalier accédant au fleuve avec toute la sécurité indispensable, il nous fallait attaquer le deuxième tranche : le lavoir.
Depuis des lustres, les femmes de Massonkolon ( cercle de Bafoulabé, région de KAYES) vont au fleuve, à 800 m de leur village, pour diverses activités. Mais l’accès à ce fleuve est si pénible et dangereux, que des vies ont été perdues. Il nous fallait « faire quelque chose ».